L’Astrologie expliquée…
LES BASES DE L’ASTROLOGIE
Carte du ciel anonyme
Exposé présenté le 21 novembre 1987
Séance inaugurale du cycle d’études 1ère année
Nous voici réunis aujourd’hui devant une carte du ciel. Il en sera ainsi pendant un an, deux voire trois années… car le but de notre présence ici est d’apprendre à déchiffer une carte astrale. Et trois années, c’est le temps qu’il faut pour que le ciel commence à s’ouvrir à l’esprit, pour qu’il consente à offrir ses messages.
C’est le temps qu’il faut pour que ce graphique étrangement muet, et si singulièrement abstrait, devienne parlant, bavard même et quelquefois indiscret… Or, si cette carte du ciel ne nous paraît pas simple à déchiffrer de prime abord, avec ses symboles inconnus, ses lignes qui s’enchevêtrent dans tous les sens, c’est que ce graphique, dans son étonnante construction, représente doublement le dessin et le dessein d’une âme. Assurément, c’est le dessin d’une âme que nous avons là sous les yeux, mieux, le hiéroglyphe d’un instant du ciel… instant unique et sans pareil.
Pour le moment, supposons que cette carte du ciel soit le dessin de toute une vie qu’il appartiendra à l’astrologue de décrypter à travers cet entrecroisement de lignes et de symboles… Toute une vie avec ses joies, ses peines, ses rires, ses larmes et ses amours, ses élans, ses regrets, toute une vie depuis l’instant du naître jusqu’au moment du mourir…
Mais qu’est-ce, au vrai, l’Astrologie ?
L’astrologie, science et langage des astres, comme son nom l’indique – Astrologos – est la science qui étudie les rapports entre les mouvements du ciel et les phénomènes terrestres, et plus particulièrement encore, depuis qu’elle fut séparée de l’astronomie en 1666 (par l’édit de Colbert), elle est essentiellement la connaissance et l’étude des relations qui s’établissent entre la destinée de l’homme et le ciel sous lequel il est né…
Mais l’astrologie – discours du ciel – est plus que cela encore. Dans sa réalité profonde elle se présente, osons le dire, comme une métaphysique.
Lors du colloque « SCIENCE & CONSCIENCE » qui s’est déroulé à Cordoue en 1979, Hubert Reeves, l’astrophycicien de renom international déclarait :
« La voix du monde, l’ancienne alliance avec l’univers, ce n’est sans doute pas la science qui peut nous les faire retrouver ; c’est l’oreille intérieure, c’est la voie des correspondances musicale ou mystique, c’est la voie du contact avec l’imagination. »
En quelques mots, Hubert Reeves a célébré la très haute noblesse de la poésie et l’astrologie est avant tout « Poésie »… Elle est cette poésie immémoriale qui constituait, dans les temps les plus reculés, la gnose des égyptiens, des chaldéens et des indochinois… Et je pense à une phrase remarquable d’André Breton. Je cite :
« L’astrologie est à mon égard une très grande dame, fort belle et venue de si loin qu’elle ne peut manquer de me tenir sous le charme. Dans le monde purement physique, je n’en vois pas dont les atours puissent rivaliser avec les siens. Elle me paraît, en outre, détenir un des plus hauts secrets du monde. Dommage qu’aujourd’hui – au moins pour le vulgaire – trône à sa place une prostituée. » (Astrologie moderne, N° 12, octobre 1954)
C’est donc par la poésie, par l’image que je tenterai d’abord de rendre accessible à chacun d’entre vous ce langage universel que représente l’astrologie – langage poétique qui n’est jamais banal ou « passe-partout » mais structuré comme l’inconscient et qui nous touche dans nos profondeurs quand nous sommes prêts à le recevoir et à l’entendre. Il n’est pas superflu de rappeler, ici, à une époque où les valeurs poétiques sont totalement décriées voire méconnues que le terme poésie vient du grec « Poiêsis » qui signifie « créer » ou « action de faire ». Or, l’Homme primordial a été façonné à l’image du « ciel » et nous savons aujourd’hui que nous sommes faits de cette même poussière dont sont constituées les étoiles. Malgré l’involution qui nous caractérise, alors que l’humanité s’apprête à entrer dans l’ère précessionnelle du Verseau qui sera le prochain pas évolutif du 3ème millénaire, force est de remonter aux sources de l’Esprit en devenant co-créateurs du cosmos. Un cosmos, loin d’être regardé comme une gigantesque et froide mécanique céleste, mais « con-sidéré » comme « une réalité indissociable, éternellement mouvante, organique, à la fois spirituelle et matérielle » selon les mots du physicien Fritjof Capra.
C’est pourquoi, l’astrologie est éminemment religieuse et j’entends bien par là donner au mot « religieux » son sens absolu de lien avec un monde qui dépasse notre mesure humaine, nos mensurations étriquées, nos identités dérisoires. Assurément, l’astrologie est religieuse dans la mesure où elle nous relie à plus grand, plus vaste que nous. Cet infini indicible, ineffable, d’aucuns le nommeront Dieu… D’autres feront allusion à la « Réalité imaginale » selon Henri Corbin, une réalité réelle située à un autre degré d’être que celui des mondes sensibles et intelligibles. Certains esprits, peut-être par pudeur métaphysique, substitueront la vision d’un univers en expansion que l’on retrouve dans l’astrophysique moderne à la conception judéo-chrétienne de Dieu, ou bien préfèreront l’antique notion d’un cosmos en respiration, ce double rythme « Manvantara-Mahapralaya« cher aux cosmologies orientales, de l’Inde en particulier.
N’importe ! Depuis des millénaires, l’astrologie témoigne que nous avons vraiment des rapports avec le cosmos et que le cosmos est un être, pas un objet… Cette unité sous-jacente, organique, vivante de l’univers, nombreux sont aujourd’hui les chercheurs, physiciens et astrophysiciens, biologistes… à la pressentir, l’affirmer ou la rechercher.
David Bohm, professeur de physique théorique au Birkbeck Collège de Londres, auteur de « La Plénitude de l’Univers », écrit :
« Il y a une corrélation non causale entre ce qui se passe à l’extérieur et ce qui se passe à l’intérieur, que chaque particule est faite de toutes les autres et que la matière et la conscience ont en commun l’ordre impliqué. »
Cette citation du physicien m’autorise à faire le pendant avec la marche des planètes qui se rejoignent, se dépassent ou se font face sur la ceinture de l’écliptique, notre ciel extérieur, et les images ancestrales, parentales, images de peur, de nuit, de froid, de soleil, de naissance et de mort qui défilent ou se heurtent dans le labyrinthe de notre inconscient, notre ciel intérieur. Le dedans et le dehors semblent participer d’un vaste consensus symbolique qui fait que nos deux univers, objectif et subjectif, sont reliés par la loi universelle de synchronicité.
En conséquence, eu égard à ce qui féconde ou entrave notre liberté de vivre pleinement, il ne saurait être question d’une fatalité tombée du ciel ou d’un déterminisme absolu car, à dire le vrai, notre liberté n’est dictée que par nous-mêmes. Comme le disait ce grand critique littéraire Jacques Rivière :
« A chacun arrive non pas ce qu’il mérite
mais ce qui lui ressemble. »
Il est donc vain de crier à la fatalité et de protester contre le sort et ses coups sournois car, pour reprendre l’expression d’Hubert Reeves, « l’univers n’a que faire de nos préjugés ». Tant que nous n’aurons pas compris qu’il s’agit avant tout d’une fatalité intérieure née de nos jeux d’identifications, de répétitions et de compensations, de nos superstitions aussi, de notre entêtement encore à vouloir s’accrocher aux illusions, alors nous ne serons pas prêts à entrer en astrologie, car l’astrologie constitue un outil de vérité et la vérité sur soi ne peut être entendue que par celui qui la demande avec exigence, rigueur et lucidité.
Avec l’astrologie, nous allons parler le langage du ciel, des éléments – le Feu, la Terre, l’Air et l’Eau -, le langage des dieux comme Kronos et Ouranos, et ce avec les mots et les images de l’homme. Et c’est pourquoi, il s’agira d’abord de poésie, cette poésie que Gaston Bachelard définissait comme « une métaphysique instantanée ». Poésie complexe et multiple qui va dire tous nos humains secrets, nos désirs, nos peurs et nos angoisses, notre faiblesse mais surtout notre grandeur, en un mot notre âme mystérieuse…
L’astrologie est donc une clé qui ouvre la porte même des mystères ; grâce à elle l’homme accède à son âme cachée. Il lui est donc donné de s’analyser et de se comprendre, et parce qu’il se comprend et soudain se connaît, il lui est alors donné d’avoir une vision globale sur le cheminement mystérieux de sa destinée. Grand livre ouvert sur l’invisible, l’astrologie se présente ainsi dès l’abord comme une méditation de l’action et une philosophie des événements. Puis, elle deviendra ensuite une discipline parce qu’elle est le passage du monde du visible au monde de l’invisible ; elle est le seuil qui permet de passer du monde de la matière au monde de l’Esprit…
En écho, Gérard de Nerval nous dit dans Aurelia :
« Tout vit, tout agit, se correspond ; les rayons magnétiques émanés de moi-même ou des autres traversent sans obstacles la chaîne infinie des choses créées ; c’est un réseau transparent qui couvre le monde, et dont les fils déliés se communiquent de proche en proche aux planètes et aux étoiles. Captif en ce moment sur la terre, je m’entretiens avec le choeur des astres qui prend part à mes joies et à mes douleurs… »
Mais l’astrologie n’est pas que poésie. Elle est aussi Nombre…
Pythagore demandait à ses disciples :
« Qu’y a-t-il de plus sage ? – le Nombre. »
« Qu’y a-t-il de plus beau ? – l’Harmonie. »
Les bases métaphysiques de l’astrologie sont contenues dans le symbolisme du nombre « douze » qui est celui des divisions spatio-temporelles, le douze étant en effet le nombre fondamental des structures du Temps et de l’Espace.
Alors, qu’est-ce que ce douze dont Paul Claudel a chanté la perfection ?
Douze est le produit des quatre points cardinaux ou des quatre points solsticiaux et équinoxiaux par les trois mois de chaque saison que met le soleil pour parcourir les trois Signes célestes correspondants. Autrement dit, le quatre du plan spatial se combine au trois du Temps sacré.
Dans la figure géocentrique de notre système solaire nous retrouvons l’origine du zodiaque, à savoir la division duodénaire de l’écliptique en douze Signes. L’écliptique représentant bien sûr la trajectoire apparente du soleil. Il convient d’insister sur le fait que ce que nous appelons « Zodiaque » représente le découpage de l’écliptique en douze secteurs de 30°, secteurs égaux et immuables. On l’appelle aussi le « zodiaque tropique des Signes ».
Le zodiaque tropique
Par conséquent, il ne saurait être question de confondre les Signes zodiacaux avec les constellations qui portent le même nom. Cette dernière division du ciel stellaire, qui découle elle aussi du découpage de l’écliptique, n’est en fait qu’une projection arbitraire effectuée à une époque reculée de l’histoire humaine. Au reste, ne perdons pas de vue que le « zodiaque sidéral » – celui des constellations – n’est pas recevable en astrologie « généthliaque », c’est-à-dire l’astrologie ouverte au particulier ou qui s’occupe de l’individu… En revanche, il existe une autre astrologie dite « apotélesmatique universelle » qui se consacre à l’étude des cycles ainsi qu’au devenir du collectif. Cette astrologie se fonde sur les ères précessionnelles marquées par le lent glissement « à rebours » du point vernal le long de l’écliptique. C’est encore un autre chapitre plus connu sous le nom d’astrologie mondiale.
Les deux zodiaques tropique et sidéral
Revenons à notre zodiaque tropique en observant les rouages du thème d’exemple. Que voyons-nous ?
D’abord la roue zodiacale avec ses douze Signes qui servent de base au montage de tous les thèmes astrologiques. Visualisons les symboles en partant du point gamma ou vernal de l’écliptique.
Le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et enfin les Poissons. Voilà les 12 Signes zodiacaux qui représentent, rappelons-le, la division duodénaire de l’écliptique, cet écliptique étant la ligne médiane du zodiaque, bande circulaire large de 17° au long de laquelle cheminent les planètes de notre système solaire. Pour entrer vraiment en astrologie, il est indispensable de bien se mettre dans la tête cette sténographie céleste.
Les symboles que vous voyez sur le graphique d’exemple, mais à l’extérieur de la roue zodiacale, ne sont autres que les planètes. Elles sont réparties sous des degrés de longitude différents autour de la roue zodiacale et elles sont au nombre de neuf. Elles constituent notre système solaire. Elles se disposent autour du soleil, autour duquel elles gravitent.
Le Système héliocentrique
Cet ordonnancement astronomique des planètes autour du Soleil représente le système héliocentrique qui prend le Soleil pour centre. Toutefois, en astrologie, on envisage le système planétaire du point de vue géocentrique, c’est-à-dire en prenant la Terre comme centre. Donc, dans nos cartes du ciel, nous éliminons la planète Terre, puisqu’elle est au centre de notre graphique, et nous installons sur la roue du zodiaque dix corps planétaires qui ont des mouvements apparents autour de nous.
Le Système géocentrique
C’est à savoir les deux luminaires, le soleil et la lune. Le Soleil, luminaire du jour qui est représenté par un cercle avec un petit point au centre, puis la Lune qui est le luminaire de la nuit, notre satellite désigné par un quartier de lune. Par ordre d’éloignement au soleil, nous trouvons Mercure, Venus, Mars, Jupiter et Saturne. Ce sont les planètes dites du septénaire. Ces sept planètes sont visibles à l’oeil nu et étaient connues des Anciens.
Viennent ensuite trois planètes qui se nomment successivement Uranus (découverte en 1781 par le musicien et astronome amateur William Herschell), puis Neptune (découverte en 1846 par Urbain Le Verrier) et enfin Pluton, la dernière planète découverte dans le système solaire, située à plus de cinq milliards de kilomètres de notre Terre. Ces trois dernières planètes sont dites planètes de l’invisible.
La découverte de Pluton date de 1930 mais déjà, au début du siècle, autour de 1905, deux astronomes américains, Percival Lowel et William Pickering avaient pressenti l’existence d’une planète transneptunienne. L’intuition de Lowel se vérifia le 18 février 1930 alors que Clyde Tombaugh, utilisant une nouvelle lunette, découvrait à 5° de la position prédite, l’astre Pluton. Ce nouvel objet de notre système solaire reçut un nom provenant de la mythologie grecque. Nous reviendrons, le moment venu, sur le consensus qui lie les fondements mythiques de l’inconscient collectif et la découverte des corps planétaires.
D’ores et déjà, disons qu’avec Mercure, nous interpréterons en mode astropsychologique les espiègleries de cet Hermès juvénile et innocent qui donna bien du souci à Zeus et à Maïa, sa Mère… Avec Vénus, ce sera la rencontre avec les Muses… Avec Mars, nous revivrons les exploits d’Hercule… Avec Jupiter, ce sera la grandeur et la puissance de Zeus… Avec Saturne et Uranus, nous méditerons les mystères du Temps et de l’Espace… Avec Neptune, nous ferons connaissance avec celui qui règne sur les eaux primordiales de l’infini… Quant à Pluton, eh bien, peut-être nous conviera-t-il à descendre dans le Hadès, c’est-à-dire dans les profondeurs souterraines du Tartare, à moins que d’ici là nous ayons trouvé la porte secrète qui bée sur les Champs-Elyséens… Nous n’en sommes pas encore là. Je suis en train de vous parler des cours des deuxième et troisième années qui seront entièrement réservés à l’astropsychanalyse et à l’astromythologie.
Certains astrologues travaillent avec le groupe des astéroïdes, cela mérite d’être souligné en passant. Les astéroïdes sont de gros cailloux constituant une espèce de fleuve de rochers qui gravite entre les orbites de Mars et de Jupiter. Et parmi ces rochers, il en est un qui se nomme CERES (découvert en 1801 par le sicilien Piazzi) et qui fit l’objet d’un intérêt particulier en astrologie parce que Cérès semblait répondre à la loi de Bode.
En effet, l’observation des orbites des planètes, dont les rayons croissent en progression géométrique, faisait jusqu’alors apparaître un « trou » entre Mars et Jupiter. L’orbite de Cérès correspondait exactement à celle de la « planète manquante » prévue par la loi de Titius-Bode. Cependant, la masse de Cérès était de beaucoup plus faible que celle de Mercure, la plus petite des planètes. De plus, il s’est rapidement avéré que Cérès n’était pas le seul objet gravitant entre les orbites de Mars et et de Jupiter : trois autres astéroïdes, Pallas, Junon et Vesta allaient être découverts au début du 19ème siècle. Aujourd’hui, on dénombre plusieurs milliers d’astéroïdes. En ce qui concerne Cérès tout reste à faire en matière de recherches astrologiques…
D’autres astrologues encore, d’après leurs calculs, pensent qu’il pourrait exister une ou plusieurs planètes soit « inframercurienne », c’est-à-dire située avant Mercure, soit « transplutonienne », donc au-delà de Pluton, aux confins de notre système solaire. Et ces astrologues pensent qu’une découverte ultérieure de ces astres permettra un jour de poser ces planètes encore hypothétiques sur les cartes du ciel, de les inclure au groupe de planètes déjà connues. A une certaine époque, on a beaucoup parlé de Minos qui aurait été découvert par un groupe de savants russes, puis ce nouvel objet est rentré dans l’ombre… Plus personne n’a parlé de Minos.
Par ailleurs, Jean Carteret, qui passe pour avoir éveillé l’astrologie en France, a proposé la découverte de Proserpine comme planète transplutonienne. Selon Carteret, Proserpine et Vulcain seraient les deux planètes qui doivent venir, Proserpine étant la transcendance de Vénus (passage de la femme intime à la femme émancipée) et Vulcain la transcendance de Mercure (passage du mental au supramental).
Souhaitons que l’astronomie, surtout avec le projet du télescope spatial, donnera raison dans les décennies à venir à Jean Carteret, et ce par la découverte d’une nouvelle planète. Si nous supposons qu’elle existe, elle serait soit un petit objet de la taille de Pluton situé un peu plus loin, soit une planète géante comme Jupiter gravitant encore plus loin que Pluton. Dans tous les cas, les limites du système solaire ne s’arrêtent pas à l’orbite de Pluton. N’oublions-pas que l’étoile la plus proche – Alpha Centauri – est actuellement plus de 6000 fois plus loin que Pluton…
Remarque concernant le statut planétaire de l’astre Pluton (suivre le lien) :
Au jour d’aujourd’hui où je retranscris cette conférence présentée en 1987, l’astre Pluton n’est plus considéré comme une planète à part entière. Depuis 2006, suite aux investigations du télescope spatial Hubble, Pluton a été reclassé dans la catégorie des planètes naines à l’instar d’Eris et de Cérès. Nonobstant cette redéfinition de la notion de planète par l’ Union Astronomique Internationale (UAI), Pluton conserve toute son importance au sein du paradigme astrologique.
Revenons à notre carte du ciel. Après les Signes et les planètes, nous allons découvrir les « Maisons » qui revêtent une importance majeure dans l’interprétation du thème astral. En effet, si le référentiel « écliptique » comprend 12 Signes zodiacaux, les Maisons ou secteurs terrestres vont représenter la division duodénaire (par 12) de la sphère locale ou terrestre. Les Maisons sont donc au nombre de 12 et homologuées aux 12 Signes célestes. Leur position sur le zodiaque découle de l’exactitude de l’heure de naissance. Donc un thème astrologique sans Maisons ne veut strictement rien dire, ce n’est que le thème impersonnel d’une certaine journée du monde mais ce n’est pas le thème précis d’un évènement particularisé, en l’occurrence le thème natal d’un individu. Donc dès aujourd’hui, apprenons que « Maisons » ou « Secteurs terrestres », c’est la même chose. Quand dans un thème vous calculez les pointes de maisons – on dit encore les cuspides – eh bien, vous faites ce qu’on appelle la « Domification ». Vous domifiez le thème… de « domus » : la maison.
Les 12 Maisons astrologiques
Les Maisons d’origine terrestre sont le résultat de la rotation de la Terre sur elle-même en 24 h et elles découlent de la structuration de l’espace local induite par l’horizon et l’équateur céleste. Nous apprendrons à visualiser cela… De même que nous apprendrons les significations radicales des 12 Maisons astrologiques qui sont en quelque sorte des « laboratoires », des « champs d’expérience » réservés à l’apprentissage existentiel. De la Maison 1 à la Maison 12, nous serons conviés à suive un véritable cheminement initiatique, le mérite de l’astrologie étant précisément de nous indiquer la Maison la plus fortement valorisée, celle qui sera appelée soit à être assumée totalement, soit à être dépassée selon sa nature harmonieuse ou dissonante.
Si dans la Maison 1 nous appréhendons le monde par rapport à nous-même, si dans la Maison 4 nous nous identifions aux valeurs parentales ou ancestrales, si dans la Maison 5 nous apprenons à aimer, dans la Maison 6 à servir, en revanche dans la Maison 7, nous passerons du moi au non-moi, car c’est dans la Maison 7, Maison légale et contractuelle, que nous apposons la signature de notre rapport au monde, aux autres… Dans la Maison 8, nous serons confrontés aux crises et transformations intérieures, au problème de la mort… Quand à la Maison 9, elle nous invitera à prendre de la hauteur, à penser selon une posture anagogique ou à voyager loin… La Maison 10 sera le lieu d’élévation de notre situation sociale, là où nous sommes le plus exposés publiquement, mieux encore le lieu d’ascension de notre être intérieur. Enfin, dans le Secteur 12, il nous sera donné de découvrir notre lumière intérieure, car la Maison 12, régie par Neptune, est avant tout la Maison de notre reliance avec l’infini, avec le monde invisible…
Un secteur 12 dignifié peut donner de grands poètes et musiciens, des hommes de science ou de foi, et si j’insiste sur la valeur « noble » de cette Maison 12, c’est parce qu’elle est en son essence le lieu de notre inspiration, de notre « or intérieur »… Et c’est dans cette Maison 12 que nous allons apprendre l’astrologie.
Pour le meilleur comme pour le pire, cette Maison 12 qui scelle le douzième chapitre du livre de la vie, avant de s’entr’ouvrir sur les pages du Grand Livre de l’invisible, est généralement vécue à l’envers ou à contre-courant alors qu’elle devrait être le lieu d’élection d’une conversion intérieure, d’une « métanoïa » selon l’acception première du terme grec. Autrement dit, si nous donnons trop d’importance aux besoins matériels, sensuels et tout ce qui relève des Secteurs 2, 5, 8, eh bien nous allons faire de cette Maison 12 un théâtre de malheurs, d’épreuves, d’exils forcés dans certains cas ou d’incarcérations de toutes sortes… Donc, dès notre premier cycle d’études, nous soulignerons fortement l’ambivalence des Signes et des Maisons astrologiques liée au pattern psychique propre à chaque natif.
Nous verrons aussi qu’il y a des Maisons astrologiques dites « existentielles » où le sujet sera appelé à vivre son « expérience d’individuation » ainsi que des Maisons qui s’inscrivent dans un champ de transcendance, c’est-à-dire un ou plusieurs points du thème où l’individu est susceptible de dépasser les composantes opposées ou duelles de son être.
D’ores et déjà, je voudrais insister sur le point suivant :
Le thème astrologique ne constitue nullement un fatum, espèce de verdict céleste qui voudrait que toute existence soit déterminée d’avance. Il convient donc, dès maintenant, de s’affranchir de cette astrologie trop facile, de surcroît manichéenne. Lorsqu’un astrologue dresse une carte du ciel, il a devant lui les potentialités, les virtualités d’un être humain et, ce qu’il découvre, n’est inexorablement tracé ni en mal ni en bien.
Entendons-nous bien : l’astrologie que nous allons étudier ici est totalement étrangère à tout le bric-à-brac ésotérique ou divinatoire. Il ne sera pas question de rendre des oracles, de prophétiser, de « tirer les cartes » ou de jouer – passez-moi l’expression – à la « Pythie de Delphes »… Dès le départ, cela doit être clair entre nous. Nous allons vivre ensemble une initiation et non prédire les numéros du tiercé ou de la loterie nationale. Ce ne sera pas non plus l’astrologie des philtres d’amour ou de je ne sais quelle « mancie »… astrologie qui est tout juste bonne pour les tréteaux des foires.
L’astrologie que nous allons défendre a vocation d’aider l’individu à comprendre et développer le potentiel constitué par son thème de naissance. C’est cette astrologie évolutive qui, d’ores et déjà, vient souligner la notion de « cycle », ce qui permettra de replacer les différentes phases d’une existence individuelle dans le contexte de la vie tout entière. Vu sous cet angle, le zodiaque devient la route des cycles parcourue par les mobiles, c’est-à-dire les planètes du système solaire. Et nous apprendrons qu’il y a un cycle jupitérien qui se renouvelle tous les 12 ans, un cycle saturnien tous les 29 ans, etc.
Attention : il faut se garder de réduire un cycle à un cercle fermé d’événements répétitifs. La plupart des gens pensent qu’un cycle n’est que l’éternel et répétitif retour au même point de départ. Cette vision des choses est eronnée. Parce que si on réduit un cycle à un cercle fermé de situations répétitives, eh bien – ipso facto – il perd son sens créatif et évolutif dont il est potentiellement porteur. Cette façon de concevoir la notion de cycle est réductrice et, dans la plupart des cas, ampute sérieusement le potentiel psychologique et spirituel d’un individu. Et je crois que c’est l’une des raisons qui a fait que la notion de cycle qui se rattache à celle du « Temps qualifié » et qui représentait une composante fondamentale des civilisations et sociétés traditionnelles, ait été condamnée par l’Eglise, et ce en vertu de dogmes et canons théologiques… C’est lors du premier Concile de Constantinople, au 4ème siècle, que le concept d’évolution cyclique a été déclaré « hérétique ». Or, en occultant la connaissance et la conscience de l’échelle des cycles - le Temps long de la vie terrestre et cosmique - l’homme s’est vu condamné à la vue basse d’une évolution linéaire, celle du progrès et du Temps court… La linéarité n’existe pas dans les structures mêmes du Vivant et de l’Univers. Des recherches de pointe en matière de neurophysiologie révèlent des patterns cycliques de fonctionnement des organes, du cerveau en particulier.
Le comportement et le développement humain révèlent également des âges précis où apparaissent les crises spécifiques de la vie, à la fois physiques et psychologiques, communes à tous les êtres humains. En un mot, ne perdons pas de vue que ce qui arrive un jour, un mois ou une année donnés, ne se répète jamais exactement de la même façon.
Je vous disais au début de mon exposé, au reste la science actuelle le confirme, que l’homme est inséré dans le tissu de l’univers, qu’il participe de cette immense trame cosmique. Et l’astrologie va nous aider à mieux comprendre, d’abord la place que nous occupons sur notre ciron terrestre, à mieux comprendre aussi le travail qu’il nous appartient d’accomplir. Ensuite, nous pourrons embrasser du regard l’étendue formidable des cycles, depuis le « pas » de notre coeur qui bat 72 fois par minute jusqu’à celui de notre soleil qui pulse depuis cinq milliards d’années. A chaque seconde environ, 627 millions de tonnes d’hydrogène fusionnent pour générer 623 millions de tonnes d’hélium. Ce lien indéfectible entre notre coeur et celui du soleil a été posé par les cosmologies les plus reculées.
Nous avons dit précédemment que l’astrologie est Nombre…
Notre coeur bat 72 fois par minute… et 72 ans représentent un « jour précessionnel », c’est-à-dire le temps que met le point vernal pour franchir à rebours un degré du zodiaque sidéral…
Si nous prenons 72 ans comme durée moyenne ou théorique d’une vie humaine, celle-ci compte 25 920 jours…
Nous respirons en moyenne 18 fois par minute soit 25 920 fois par jour…
25 920 ans représentent le « cycle zodiacal précessionnel » complet, c’est-à-dire le temps que met le point vernal pour parcourir les 360° de l’écliptique.
Le soleil et tout le système solaire se déplace vers « l’apex de Véga de la Lyre » à la vitesse de 72 000 kilomètres à l’heure…
La lumière en jour solaire parcourt 25 920 millions de kilomètres.
Comment ne pas être troublé devant ces corrélations biologiques et cosmiques !
Avec Saint Bernard, j’aurais envie de dire :
« Seigneur, faites que je croie afin que je comprenne ! »
Les aspects interplanétaires… Nous n’en parlerons guère aujourd’hui. La plupart des astrologues travaillent avec 10 voire 15 aspects au plus. Ce sont ces traits de couleurs que vous voyez à l’intérieur de la roue zodiacale. Un aspect est un écart angulaire ou de longitude entre deux ou plusieurs planètes ou avec les angles du thème et qui se mesure en degré sur l’écliptique. Ils sont très importants ; ils interviennent dans l’architecture générale d’un thème astrologique et ils en permettent la lecture. Tous les aspects ne sont pas à prendre en considération ; il en est qui sont remarquables comme le Trigone (120°), le Sextile (60°), le Quintile (72°) et certaines conjonctions planétaires qui s’additionnent de valeurs puissamment harmoniques. Il en est encore qui sont privatifs, sévères à l’instar des Quadratures (90°) qui sont de véritables bloqueurs. Le Carré, c’est la fourchette du câble de la pédale d’embrayage qui pète, c’est l’imprévu qui vient en travers et qui vous « coupe les pattes », c’est la hantise de l’effort à fournir pour franchir l’obstacle. Il y a aussi les Oppositions planétaires (180°), surtout avec les angles du thème, aspects qui ne sont pas des plus confortables. Il y a encore le fameux Quinconce (150°) qui met notre libre-arbitre à mal, nos facultés de choix et de discernement à rude épreuve… Sans oublier les conjonctions à forte dissonance selon la nature intrinsèque des planètes en cause.
Bref, avec la connaissance des aspects, nous entrerons aussi dans les coulisses de l’âme, ce qui nous permettra de mieux appréhender les mécanismes révélateurs de la psyché ainsi que les grands complexes… Complexes de culpabilité, de sevrage, complexes aussi de Prométhée, de Protée, de Faust, d’Icare…
Puis nous ouvrirons certains dossiers fort délicats, savoir : les dossiers de la mort, l’équation du suicide, certains aspects de la criminalité avec l’emprise de la perversion, de même les diverses expressions de la sexualité avec les complexes de Carmen et de Messaline…
Nous aborderons également ce qu’il convient de nommer « la fleur de la sublimation », c’est-à-dire que l’astrologie va nous montrer comment il est possible de dépasser ou de se sortir du « lac noir des névroses » ou des « abîmes de la psychose ». Et nous parlerons aussi des hauts chemins de la science et de la foi…
Voyez-vous, avec l’astrologie, il nous est donné de penser le monde, de penser l’homme jusqu’au bout, de le penser dans sa totalité, aussi bien dans ses profondeurs obscures, abyssales, que dans les régions les plus hautes, les plus éclairées de son être.
En guise de conclusion, je voudrais maintenant souligner un point très important :
D’ici quelques années, après avoir sacrifié à l’exercice des gammes astrologiques, on vous demandera de dresser des thèmes, et fort de vos connaissances acquises, vous serez amenés à rencontrer l’être humain dans les corridors secrets de son inconscient. Autrement dit, il vous sera donné de voir une âme humaine dans sa nudité. Et à cet égard, vous porterez une lourde responsabilité, car se tiendra devant vous une âme humaine en quête de sa vocation existentielle, de son chemin de vie, de son devenir et peut-être bien qu’il vous sera alors demandé d’éclairer sa route… Il va de soi que vous n’aurez droit à la moindre erreur.
Le premier thème astrologique que vous érigerez – et vous le ferez dès la première année si ce n’est déjà fait – ce sera votre propre thème. Et cette carte du ciel, eh bien, vous la passerez au crible d’une réflexion exigeante, rigoureuse, et ce dans le tamis de tous les éléments et règles thématiques que vous allez apprendre à connaître lors du premier niveau d’études.
Et en apprenant à vous analyser, à vous mieux connaître, vous allez en même temps entreprendre un travail sur vous-même. Je le répète, vous allez entrer en « initiation » et on entre en initiation par la porte de Saturne… Je vous en ai déjà parlé, Saturne est cet astre qui complète le septénaire planétaire et qui se trouve dans la zone limite qui sépare le monde visible du monde invisible. En effet, cette planète située à 1658 millions de km de la Terre est la dernière du système solaire qui reste observable à l’oeil nu surtout quand elle se situe à son périgée…
Saturne… c’est la porte étroite qui ouvre le chemin de l’initiation.
Donc, si vous décidez d’entrer en astrologie, sachez que vous allez devoir développer ou vous appuyer sur les qualités saturniennes de patience, de méthode, de réflexion, de persévérance. Faire des sacrifices aussi, je veux dire que vous allez rendre le temps sacré, parce que Saturne… c’est le Temps et avec le Temps vous allez distiller au sein de vous-même la quintessence de cet immense Trésor de la Connaissance astrologique. En quelque sorte, c’est une alchimie intérieure qu’il vous sera donné de vivre… Je ne le répèterai jamais assez : c’est en compagnie de Saturne que l’on entre en astrologie, c’est avec Saturne que l’on pèse et que l’on compare ce qui essentiel et ce qui est aléatoire… ou si vous préférez, avec Saturne, nous allons « séparer le subtil de l’épais », pour reprendre l’expression des alchimistes.
Puis plus tard, quand vous aurez fait ce travail sur vous-même, eh bien, vous oublierez votre propre thème pour vous consacrer essentiellement à celui des autres. J’ai bien dit : vous oublierez votre thème… car la vocation de l’astrologue, c’est d’aller vers les autres. Vous expirerez tout ce que vous aurez inspiré. Si vous faites une fixation sur votre sort, n’est-ce pas, – un narcissisme astrologique en quelque sorte – eh bien, vous allez induire à votre insu un processus régressif qui risque de compromettre tout le travail que vous aurez acquis. Car, en vérité, quand quelqu’un s’arrête sur lui-même, il crée un court-circuit et s’en est fini de son évolution. C’est ce qui arrive quand la Maison 1, celle du Moi, du Sujet, est soumise à une forte inflation planétaire.
Vous voyez, il faut faire très attention et ne pas aller à contre-courant de son thème. Il faut aller dans le sens de son thème, s’appuyer sur des Signes et des Maisons dignement valorisés, suivre l’évolution des cycles planétaires… et quand nous saurons tout cela, eh bien, nous pourrons faire de la bonne astrologie afin de devenir des êtres libres.
Jean Carteret disait :
« Notre marge de liberté, elle est là, dans ce rapport entre les 365 jours de l’année et les 360 degrés du cercle zodiacal… »
Très honoré de l’intérêt que vous portez à l’astrologie, je vous remercie de votre attention.
Maintenant, place aux questions !
A Sint-Marsao (79), le 21 novembre 1987. Le Thélémite
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