Alchimie du Verbe
Alchimie du Verbe
Citations de Vie
(Aphorismes, Maximes, Apophtegmes, Proverbes…)
« Dans les citations, comme en toute chose, il faut de la conscience, et c’est même en cela qu’elles peuvent soulever plus d’une question de littérature légale. Citez, c’est fort bien ; mais avouez-le, et ne laissez pas mettre sur le compte de votre esprit ce que vous prête l’esprit des autres. » (Edouard Fournier)
Octobre 2011… J’entreprends de rassembler mes notes de lecture, « étincelles de vie » survivantes d’indomptables pérégrinations. Toute existence peut être soumise à des franchissements de seuils obligés (ne pas les franchir peut s’avérer mortel), à des passages par des gouffres et des sommets (les uns ne vont pas sans les autres), le tout sous des cieux chargés d’orages-pélerins selon la métaphore de René Char. Je viens de résumer en peu de mots l’existence qui est mienne, au cours de laquelle les livres ont tenu une place de choix. Beaucoup moins aujourd’hui, pour l’évidente raison qu’il est hasardeux, ce me semble, de vivre sa propre vie à travers la pensée des autres. J’épingle d’abord une toute première citation pour éclairer un peu plus le propos, comme pour mieux nuancer le territoire expérientiel du maître à vivre de celui du maître à penser ; une étincelle paradoxale jaillie de l’obscurité opaque de l’ancienne Tradition du Shakta Vedanta et qui aura pour effet de figer le mental de l’homme social avide de définitions et prompt à la répartie magistrale :
« Il faut se sauver par les moyens
qui assureraient notre propre perte. »
Silence radio ! Je me sens maintenant un peu plus à l’aise dans mes basques, les coudées franches et le respir bien tendu sur le souffle cosmique. La voie de l’Eveil commence par un regard impitoyable sur cet animal social qu’est l’humain, esclave de ses propres opinions comme celles des autres. Le lecteur-quêteur de sens devra déjouer ici toutes les astuces, tous les artifices propres au maître de l’illusion, du mensonge, de l’erreur et de la manipulation. On ne s’amuse pas avec certaines maximes, certains aphorismes, ne serait-ce que pour épater la galerie. Dans l’ombre d’un mot ou d’une expression se cache le plus souvent une expérience intime, grave, ontologique de l’ordre de l’inconnaissable et de l’ineffable. Un satori, en quelque sorte, pour reprendre le terme du Bouddhisme Chan. L’objectif premier de tout maître à vivre est de débusquer, d’abord au dedans puis au dehors de lui, l’agitateur d’idées, le faiseur d’illusions, le bonimenteur voire le médiamenteur. La technique employée est celle de l’indifférence glaciale face à l’opinion vulgaire. Rimbaud, « l’homme aux semelles de vent » l’a clairement énoncée, sans prendre de gants : « Faiblesse ou Force : te voilà, c’est la force. Tu ne sais ni où tu vas ni pourquoi tu vas, entre partout, réponds à tout. On ne te tuera pas plus que si tu étais cadavre. » Dans la même veine, Karl Dürckheim usera de l’euphémisme par une antiphrase : « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. » Je pense encore à l’écrivain tchèque rebelle Ladislav Klima : « Ne se laisser décourager par rien, ni par ses propres doutes ni par les absurdités les plus colossales, moins encore par le ricanement des imbéciles. »
Cette rubrique risque de dérouter et débouter ceux qui ne recherchent dans l’anthologie littéraire ou poétique qu’une démonstration morale, rationnelle, un bel exercice de style voire un passeport valide pour accéder à un mieux-être raisonnable. « Je montre le danger de la raison à tout prix, cette puissance criminelle qui tue la vie. » (Nietzsche). Assurément, l’Alchimie du verbe se tient au coeur du présent propos exposé au feu détonateur du « déclic foudroyant de l’Esprit-des-Tonnerres » (Roger Gilbert-Lecomte) déchirant la conscience où, dans un éclair foudroyant, « la lucidité devient la blessure la plus rapprochée du soleil » (René Char).
Alchimie du verbe ! Commençons par décliner les couleurs fondamentales du Grand Oeuvre poétique nonobstant cette remarque : Rimbaud aurait-il permuté, volontairement ou non, le strict ordonnancement du spectre chromatique du Magistère ?
Le Thélémite, 22 octobre 2011
Voyelles
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d’ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d’ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;
U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d’animaux, paix des rides
Que l’alchimie imprime aux grands fronts studieux ;
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges ;
- O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Etincelles de Vie
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« La Lumière cachée dans l’obscurité »
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